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L'importance d'un journal étudiant

Rémi Grenier

Rémi Grenier


La pandémie de COVID-19 a porté un coup dur à la vie étudiante et à l'implication des étudiant-e-s, et ce, dans tous les cégeps et universités. L’UQAM, étant reconnue pour avoir une vie étudiante et associative forte, a graduellement remonté la pente. Bien que le journal étudiant de la faculté de science politique n’ait pas publié depuis 2017, cette dernière a retardé la résurrection d’Union Libre. Malgré tout, le momentum du retour après la pandémie et la volonté de revoir un journal étudiant ont conduit, en décembre 2022, au retour d’Union Libre. Depuis, plus de 70 articles et 6 éditions ont vu le jour. Toutefois, l'absence puis le retour d’Union Libre soulignent l’importance d’un journal étudiant indépendant.


L'affaiblissement du monopole de l'information


Durant l'absence d'Union Libre, l’information de grande échelle circulait à travers les associations étudiantes (telles que l’AFESPED), les institutions (l’administration de l’UQAM) ou des groupes étudiants. Par groupes étudiants, on entend les groupes n’ayant pas le statut d'association, mais ayant un lien avec les étudiant-e-s (Comité de soutien aux parents étudiants, Queer UQAM, etc.). Cela conduisait inévitablement à une filtration des sujets et à un monopole de l’information qui était diffusée aux étudiant-e-s. En effet, les groupes et associations étudiantes, ainsi que l’institution de l’UQAM, ayant des agendas politiques, des règlements/mandats ou des relations à préserver, ne traitent pas de tous les sujets malgré leur importance, et font parfois preuve de retenue. Nous pouvons notamment l’observer avec l’absence d’auto-critique de la part des associations étudiantes, mais aussi l’absence de critique envers les autres associations. Plus concrètement, un-e étudiant-e a toujours la possibilité de s’exprimer en assemblée générale, mais sa capacité de s’exprimer se limite à l’assemblée générale et aux personnes qui s'y trouvent, contrairement aux associations étudiantes qui ont des réseaux sociaux, les adresses e-mail de tous les étudiant-e-s et les ressources nécessaires pour imprimer des affiches, pamphlets et autres. Union Libre offre la possibilité aux étudiant-e-s de s’exprimer à un plus large bassin sur les enjeux universitaires et étudiants, mais aussi de critiquer les associations étudiantes, groupes et autres sans filtre.


De plus, un simple texte dans Union Libre peut engendrer des changements dans les organisations, ce qui a notamment été le cas récemment avec le texte « Pour l’amour du journalisme » où il a été démontré que les journalistes et collaborateur-ice-s du journal étudiant, le Montréal Campus, ne recevaient pas de guide déontologique. Depuis la parution de ce texte, le Montréal Campus fournit un guide déontologique comme l'a relevé Ève Bernier, stagiaire au Montréal Campus. Toutefois recevoir ce guide ne semble pas être la norme comme dans le cas de Gabrielle Bujold-Martineau, qui ne l’a pas reçu malgré trois sujets traités avec eux. 


Autre exemple : le cas de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF), qui avait dérogé à une proposition adoptée en assemblée générale, ce qui a conduit à la dénonciation de cet événement avec le texte « L’IREF, ce sont ses membres (?) », alors que l’AFESPED et l’AFESH sont restées silencieuses malgré leurs mandats pro-palestiniens. À noter que plusieurs de leurs membres sont aussi membres de l’IREF. En bref, en offrant une plateforme de diffusion des idées avec moins de contraintes et accessible aux étudiant-e-s, Union Libre permet l’affaiblissement du monopole de l’information. D’autant plus qu'Union Libre accepte  presque tous les textes (tant que ces derniers ne sont pas haineux).


Acquérir de l’expérience


Bien que cela semble évident, Union Libre offre une expérience académique, mais aussi une première expérience concrète de publication et de rédaction d'articles.  Il va sans dire que la rédaction de textes dans le contexte d’un cours est restrictive et ne laisse que peu de place à une structure créative, et rare sont les rétroactions concrètement pédagogiques. Contrairement à Union Libre qui offre des corrections et des commentaires d'amélioration, visant à accompagner les auteur-ice-s dans leur premier texte. En bref, là où l’université cherche à évaluer les acquis du cours, Union Libre cherche à accompagner les auteur-ice-s à se peaufiner.


De plus, Union Libre organise un lancement à chaque édition où il est possible de discuter des textes, amenant à plusieurs débats et commentaires constructifs, permettant aux auteur-ice-s de s'améliorer. 


En bref, le retour d'Union Libre à l'UQAM marque bien plus qu'une simple résurrection d'un journal étudiant ;  il incarne une occasion de redonner aux étudiant-e-s un espace de parole autonome et sans filtre, loin des contraintes des structures officielles. En permettant une circulation de l'information plus fluide et diversifiée, le journal contribue à déconstruire les monopoles et à encourager une réflexion critique sur les enjeux qui traversent la communauté universitaire. Au-delà de l'aspect pratique et académique de la publication, Union Libre devient ainsi un lieu d'apprentissage et d'engagement. 


Ce retour soulève aussi des questions plus larges sur la manière dont les espaces d’expression peuvent évoluer pour répondre aux besoins des futures générations d’uquamien.ne.s. Union Libre invite donc à repenser les journaux étudiants comme un outil dynamique de dialogue, de critique et de transformation.


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[1] Grenier, Rémi, « Pour l’amour du journalisme », Union Libre, 8 avril 2024. https://www.unionlibre.net/post/pour-l-amour-du-journalisme 

[2] Collectif à bas le féminisme colonial, «L’IREF ce sont ses membres (?) », Union Libre, 23 mars 2024. 


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