Guillaume Georgeault

En politique, à droite comme à gauche, il y a beaucoup de choses sur lesquelles la majorité de la population est d’accord. On veut conserver nos droits fondamentaux, avoir une sécurité financière, une méritocratie équitable, un système de justice efficace et moral, moins de crimes, des maisons abordables, une fin au racisme, etc.
Cependant, de nos jours, il semble que les gens soient plus que jamais divisés sur tout. Chaque aspect de la vie est devenu politique. L’industrie du divertissement est devenue trop woke. Même les sujets totalement factuels et apolitiques, tels que l’existence du réchauffement climatique ou du racisme systémique, sont controversés. Affirmer un fait indéniable peut équivaloir à une prise de position. Mais comment en sommes-nous arrivé-e-s ici ?
Le début de la réponse vient de l’intérieur. Il est difficile d’admettre qu’on a tort. Notre nature humaine nous a rendu-e-s réticent-e-s au changement. D’une part parce que c’est humiliant et d’autre part parce qu’il est beaucoup plus agréable d’avoir raison, de vivre dans un beau mensonge. De plus, l’état du monde actuel est assez déprimant : la fin est proche, on va tous mourir des changements climatiques. On préfère notre beau mensonge à la réalité.
C’est pourquoi nous vivons tous, malgré nous, partiellement dans l’illusion. Chacun.e. vit dans sa propre réalité, sa vérité. De plus, peu de citoyen-ne-s comprennent complètement comment fonctionne le système complexe qui permet à la société de fonctionner. Pour ces raisons, la démocratie est très peu efficace. Les gens votent pour les candidats dont ils comprennent les idées, ce qui rend la politique populiste. À cause de cela, la démocratie fonctionne partiellement et les enjeux avancent lentement, mais sûrement dans la bonne direction. L’égalité des sexes, les énergies vertes, l’égalité des chances… C’est lent, mais on y arrivera un jour !
En fait, pas vraiment… Le progrès social s’est figé dans les dernières années, se heurtant à un mur idéologique à droite du « spectre politique » qui semble toujours être à l’exact opposé du progrès social. Mais d’où vient cette fracture sociale ? Elle n’a pas émergé naturellement, elle a été créée !
Comme dit le dicton : « diviser pour mieux régner. » On divise la population en groupes d’opinion, mais pourquoi? Qui divise, qui règne? Le capital, ceux qui profitent du statu quo: les milliardaires, des grands propriétaires immobiliers, des PDG de mégacorporations. Ces gens ont intérêt à ce que nous pensions que ce qui est bon pour eux est également ce qui est bon pour nous tou-te-s. Par exemple, on affirme qu’une économie saine, c’est une économie où les marchés se portent bien, où l’action des entreprises augmente, mais à qui ça profite? Aux actionnaires de ces compagnies! Un pays qui se porte bien, c’est un pays où le PIB est élevé, mais le PIB ne prend pas en compte les impacts du développement économique sur l’environnement et les milieux de vie. Ces chiffres sur l’économie ne sont utiles que pour ceux qui possèdent le capital. Et donc, pour éviter que la population ne pose trop de questions, on la fait débattre sur des sujets banals, on les divise.
Cette stratégie de diviser pour mieux régner existe depuis la nuit des temps, mais, pour la mouture actuelle, on peut trouver la racine du mal dans les médias de droite étatsuniens. Ces médias créent, avec leurs discours, une réalité alternative. Ils utilisent des techniques rhétoriques vieilles comme le monde pour convaincre les Étatsuniens qu’il existe un ennemi à l’intérieur du pays qui est à l’origine de tous les problèmes de la société : les wokes. D’ailleurs, ils n’ont besoin que de convaincre la moitié de la population, l’autre moitié est désignée comme l’ennemi à abattre et les citoyen-e-s se battent entre eux sur des sujets identitaires banals et oublient les enjeux importants. Et pendant que le discours public est inondé par les guerres de clans entre les conservateurs et les libéraux, on oublie les enjeux de fond et le statu quo est conservé.
En conclusion, l’oppression est parfois plus sournoise qu’on ne le croirait, elle vient parfois de l’intérieur. La plus sournoise des formes d’oppression est l’oppression par l’ignorance parce qu’en faisant ce qu’on croit être bon, on se nuit à nous-mêmes. Restez informés, le savoir, c’est le pouvoir.
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