Je ne peux écrire un texte sur l’autisme sans parler de la manière dont les gens autistes sont handicapés par le système politique. Nous sommes victimes d’un système qui ne nous désire pas. Nous sommes victimes d’un système qui ne nous veut pas.
Nous sommes dans un système qui pratique des moyens d’exclusions basés sur le fonctionnement neurologique des corps. Cette exclusion s’organise par la diffusion et la promotion d’un paradigme médical pathologique. Ce modèle se traduit par une vision de l’autisme comme une maladie à guérir, une anormalité à cadrer. Ce régime de savoir implique une adaptation constante de la personne autiste pour être accepté socialement. La personne autiste apprend très tôt à cacher ses tics qui sont perçus comme bizarres par le système. Ce système pathologisant relègue l’autisme à un problème naturel et individuel. Bref, le fardeau de l’adaptation est mis sur la personne autiste et non sur le système. Je crois qu’il faut renverser ce fardeau en politisant l’autisme.
Le paradigme médical pathologique est dépolitisant, puisqu’il relègue le problème aux individus plutôt qu’aux structures qui les forment.
Or, ce système est inégalitaire : il demande à l’autiste de se masquer, ce qui lui demande beaucoup d’énergie. Tandis que le système, lui, ne dépensera pas d’énergie à vouloir s’adapter.
Cette adaptation qu’on force aux gens autistes est néfaste pour eux dans plusieurs domaines, dont celui du travail. Depuis la crise économique de 2008, le patronat mène une attaque offensive qui se traduit par du management à haute pression et des emplois précaires, s’ajoutant à cela la popularisation des contrats à court terme, des heures de travail irrégulières, etc. Cela affecte tous les travailleurs-es, mais les autistes en sont affectés de manière disproportionnelle. En effet, ceux-ci sont plus dépendants d’un mode de vie routinier. Ce mode routinier est dérangé par l’instabilité du contexte néolibérale. Dans la même veine, les politiques d’austérité ont aussi affecté les ressources que les personnes autistes utilisent.
Bien sûr, des ONG existent pour aider les gens autistes. Cependant, même si certains restent de bonne foi. Leur existence est un symptôme flagrant d’une solidarité sociale en ruine. Une solidarité sociale qui est dépendante de la volonté individuelle de certains donateur-trices n’est pas une solidarité sociale, mais un service d’après-vente de l’austérité néolibérale. De plus, certaines ONG minent l’aspect politique de l’autisme en redéployant le paradigme pathologique dans le but d’accumuler des donations. Ils la minent en donnant une image de pitié des personnes autistes ce qui a pour effet de réduire l’agentivité politique des personnes autistes. En bref, #fuckautismspeak.
Ainsi, la communauté autiste peut s’ajouter à la longue liste de groupe qui est opprimé par le capitalisme. D’une part, un mouvement qui cherche à mobiliser une disruption du système capitalisme devrait rendre sa mobilisation accessible dans le but d’agrandir sa force de frappe. D’autre part, le mouvement pour l’Acceptation de l’autisme doit s’intégrer aux luttes anticapitalistes dans le but de construire son agentivité politique qui lui a été volée par le discours médical et capitaliste. Ce que je désire, c’est l’abandon de la pauvreté de la clinique pour la richesse de la rue.
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