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Collectif à bas le féminisme colonial

L’IREF ce sont ses membres (?)


Pendant plusieurs semaines, l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) est resté silencieux sur le génocide en Palestine. Ce silence assourdissant n’était pas un positionnement neutre, mais bien un soutien implicite au statu quo ; divers collectifs et individu·e·s que ce soit des étudiant·e·s, des chargé·e·s de cours et des professeur·e·s se sont donc mobilisé·es pour obtenir un positionnement officiel de l’IREF.


Après des mois de massacres en terre palestinienne et de mobilisations à travers le monde pour dénoncer toute l’horreur de l’État sioniste, le Conseil de l’IREF a fait le choix de bafouer la parole et l’agentivité de ses membres. Le 12 décembre 2023, une résolution officielle est enfin rendue publique sur leur site internet, intitulée Dénonciation de la guerre à Gaza, qui se révèle une trahison totale de la prise de position de solidarité avec les Palestinien·nes votée par ses membres moins d’une dizaine de jours plus tôt. Au-delà de la Palestine, que nous maintenons au cœur de notre propos, la question se pose sur le modus operandi de la gouvernance à l’IREF.


Ainsi, le 8 décembre 2023, des membres étudiant·e·s ont convoqué une Assemblée générale extraordinaire dans le but de proposer une résolution à adopter par le Conseil. Si la rencontre a débuté par le discours de la Direction de l’IREF sur la mission et l’engagement de l’Institut dans des pratiques « intersectionnelles et décoloniales », elle fut surtout l’occasion de bafouer et entériner l’absence de respect de l’exécutif envers ses membres. La résolution, adoptée à la majorité de 42 pour, 4 contre et 2 abstentions, est le résultat d’un travail conséquent d’étudiant·e·s de différents programmes impliquant des discussions approfondies, de la rédaction et un vote préalable en association étudiante. Toutefois, si ce processus a permis aux voix étudiantes d’émerger, le Comité de direction s’est assuré de la mettre sous silence. Rappelons d’ailleurs que le Comité est constitué de 3 professeur·e·s et le Conseil de l’IREF compte seulement 3 membres étudiant·e·s sur 18 membres votant·e·s.


Le texte officiellement rendu public par l’IREF est radicalement différent de ce qui avait été voté en AG.

Disparu la condamnation de l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme à des fins sionistes et anti-palestiniennes, ainsi que la condamnation des stratégies arabophobes et islamophobes visant à délégitimer les défenseur·e·s de la Palestine. Disparue la solidarité avec les personnes et groupes juifs critiques d’Israël et antisionistes, alors que c’était un élément fondamental du texte de l’AG. Disparu la condamnation de l’instrumentalisation anti-palestinienne des luttes féministes et LGBTQIA2S+. Le résultat final n’est pas moins un sabotage complet de la démarche de l’AG. Rendu d’autant plus insultant qu’elle résulte d’une dynamique de pressions et de censure que nous dénonçons.


Nous savons que l’IREF subit en arrière-plan des pressions de la part de plusieurs acteur·ice·s que ce soit du corps professoral, de bailleurs de fonds ou encore de l’administration universitaire. Ce contexte de censure devrait être formellement dénoncé. Il est extrêmement alarmant que plusieurs personnes en position de pouvoir à l’IREF, tout comme dans le reste de l’UQAM, aient renoncé à leur droit de vote ou même à prendre la parole publiquement, quand iels exprimaient leur soutien à nos démarches dans des conversations de couloirs. Ce qui explique aussi le fait que les concepts centraux de la première résolution tels que le fémonationalisme, l’homonationalisme et même le terme de génocide aient été supprimés complètement.


Le Conseil engage ainsi sa responsabilité en n’ayant respecté ni la lettre, ni l’esprit, ni la souveraineté de l’AG comme il lui a été demandé. La direction a excipé d’un rôle de sauvegarde autoritaire et néanmoins incertain de l’institution pour s’imposer à l’AG dans une démarche contraire à son discours démocratique et aux principes bottom-up souvent invoqués. Encore une fois, la question demeure : si l’IREF ce sont ces membres, nous sommes en droit d’interroger sur la légitimité de l’exécutif de l’IREF de bafouer ouvertement nos revendications.


À l’heure du génocide du peuple palestinien, l’IREF comme bien d’autres instances, qui se revêt ad nauseam des termes féministes, LGBTQ+ ou intersectionnels, devra rendre des comptes sur ses discours vides de sens et ses actions en contradictions complètes avec ses valeurs. Nous y veillerons.

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