Ce texte ne te semble peut-être pas politique, mais crois-moi, il est absolument politique. Ici, je te présente mon amour de mon lac, le Pekuakami, mais surtout, toutes les raisons pour lesquelles il faut le protéger. J’ai choisi de parler du lac, mais j’aurais pu parler de tout ce qui compose le Nitassinan. Parce que grandir entouré-e de nature et l’aimer comme ici on l’aime, c’est radicalement politique, que l’on s’en rende compte ou non.

Mois de janvier
Jour après jour
Prendre des photos du lac
Pourquoi est-ce que je ne les trouve
Jamais assez bonnes?
Jamais satisfaisantes?
Est-ce que c’est parce que c’est
Trop flou? Trop gris? Trop abstrait?
Non, non, c’est pas ça…
J’essaie de capturer le lac en photo pour
que tu le voies comme moi je le vois
En même temps, c’est un gros défi que je me lance…
Il manque tellement d’éléments invisibles, pourtant essentiels si on veut comprendre son essence.
J’essaie de te transmettre mon amour de ce lac sans que tu ne l’aies rencontré
Peut-être que tu as eu l’occasion de le croiser une fois ou deux, en voyage ou en chemin vers ailleurs
Mais les chances sont que tu ne l’as probablement pas connu comme moi je l’ai connu
Que tu n’as pas vécu tout ce qui m’a fait tomber en amour avec cette majestueuse étendue d’eau.
Pour moi, c’est des étés à jouer dedans, à naviguer dessus, à faire des feux qui nous rapprochent en soirée à ses côtés.
C’est des hivers à y faire des patinoires, à me promener dessus de toutes les manières, à parfois juste l’observer de l’intérieur de la maison ou d’une cabane sur le lac, accompagné-e de mes proches et d’un bon feu qui nous réchauffe le cœur et les doigts gelés.
C’est des printemps à attendre et essayer de prédire le moment où le lac «cale», à déambuler sur ses berges avant que l’eau ne les reprenne, à apprécier le redoux printanier en marchant dans la bouette laissée par le changement de saison.
C’est des automnes à se lancer des défis de pas frileux, à prendre des cafés sur le balcon pendant qu’on le peut encore, à voir le départ des outardes et me dire que je suis un peu comme elles.
Parce que moi aussi, je dois partir à l’automne
Mais comme elles, je finis toujours par revenir
Pis quand je reviens, c’est toujours plus doux
Parce que le lac, c’est ma promesse de beaux temps et de moments de douceur
C’est mon retour à tout ce que je connais et que j’aime tant
Le lac, c’est mon printemps.
Pis j’espère bien qu’un jour, ce sera de nouveau toutes mes saisons.
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