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  • Florence Cartier et Sarah Maheu

Lettre à tous les hommes



chapitre un : hot girl summer


j’ai le patriarcat autour du cou

je le regarde et je lui dis,

étouffe-moi, étrangle-moi, viole-moi, tue-moi

vaincue


il y prend plaisir, il me sourit

son territoire, mon corps, ma gorge

propriété masculine


« avoue, t’aimes ça ? »

non serait un mensonge

gémissements

caresses

mais jamais d’orgasmes


sexe lamentable

corps aliéné

draps tachés

et pénurie de tendresse


chapitre deux : célibataire désespérée


viens,

aime-moi à ma place

sois mon prince charmant

mon cœur,

il est à toi


romance ou

mal être

je t’aime toi

homme inaccessible


grand, mystérieux

tu me fais oublier


embrasse-moi

remplit le vide

noue la boucle


bague au doigt


tu peux juste me regarder moi

la seule et

l’unique

il faut que je sois la plus belle

pour toi, pour toujours


chat à la recherche de souris

grand, blond et

célibataire


pris au piège

de mon cœur meurtri


cercle vicieux

et plaie ouverte

mon âme sœur

c’est toi


chapitre trois : chaînes invisibles


elles s’entrechoquent.

je me débats.

et je me demande si mes chaînes te gênent,

si elles font trop de bruit,

si elles gâchent ta vision,

et si elles t’incommodent.

j’ai longtemps essayé de faire moins de bruit,

et de moins me débattre.

d’être en silence.

muette et

inoffensive


confiné à l’espace privé

perpétuelle prison

pour la

gente féminine


écoute

je hurle à travers les barreaux

je m’évade de

tes menottes


toi et

tes frères

êtes voués à la défaite


j’ouvre le cercle

et tu m’écoutes


chapitre 4 : conte de fées hétéronormatif


il était une fois une personne,

une très jolie personne,

tant à l’intérieur qu’à l’extérieur,

qui parlait.


elle parlait d’un sujet avec passion,

avec connaissances,

avec intensité.


elle n’arrêtait pas de parler,

elle avait des choses à dire,

elle voulait se faire entendre.


il était une fois une autre personne,

sans connaissance

sans passion

mais avec une seule chose.


elle parlait fort,

elle parlait trop,

elle n’écoutait pas.

elle ne sait même pas de quoi elle parle,

elle ne sait même pas comment elle parle,

elle ne sait même pas pourquoi elle parle.


il était une fois une personne qui parlait

et une autre qui lui coupait la parole

il était une fois une personne qui savait et une

autre qui n’avait pas le droit de savoir

il était une fois la seule et l’unique

romance de l’histoire


il était une fois dans mon patriarcat.


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