Exercice de description
- Konan Marilyn
- il y a 5 jours
- 2 min de lecture

Marilyn Konan
Une flânerie dans Montréal. De la musique, des gens et moi. Entre la foule et le silence, une brise me ramène à mon père. Plein et vide, comme la ville, comme moi.
Montréal et son cœur culturel, la place semble vide. Les gens entourent les musiciens et au centre il y a un espace béant, vide, personne ne danse, ne tape des mains, ne crie ou ne chantonne. C’est plein et vide, ils sont collés à leur téléphone (moi aussi en vrai). Le monsieur à ma droite filme la scène, moi non, je ne regarde pas, je tente d'écrire, de décrire tout, c'est dure de décrire.
D’autres croisent les bras, non pas d’autres, c'est trop impersonnel, trop vague, trop vide et plein un peu comme ce qui se trame ici.
Hum une jeune fille, cheveux couleur châtain (j’aime bien le mot "châtain", il sonne comme un mot achevé, parfaitement réfléchi, conçu pour commencer et finir), un top rose clair et un jean basic, elle croise les bras et tape du pied sur la musique, une femme à l’air un peu plus âgé à ses côtés fait de même en agitant la tête en rythme. Un enfant, plus loin, montre du doigt le groupe, en jetant des regards amusés à sa mère, il tient la main de son père, ou plutôt il essaie de tirer son paternel sur la piste. Un vieux monsieur tient contre sa poitrine entre ses bras croisés un manche en bois, début d’un parapluie noir, mais, vu le temps, je crois que ça lui a plus servi de canne que de parapluie.
Décris ce que tu vois, Lyn, pas ce que tu crois.
D'autres observent, espérant que l'un se jettera sur la piste, oui d'autres, parce l’inaction, ça se vit en groupe. Ça espère qu’un autre fera le premier pas, ça lance des sourires encourageants, sourire gêné, corps fuyant, ça n’tape jamais des mains assez fort.
Ils changent de musique, non les musiciens changent de musique (non toujours pas disons que c’est plus), le jeune homme en t-shirt blanc tapote l’épaule de celui à la guitare, il lui propose une bouteille d’eau d’un coup de tête, l’autre refuse avec le même geste, il lève la tête un peu juste le temps de me permettre de voir le pendentif en forme de carré a son cou, la musique change, les autres suivent...
Les panneaux publicitaires sont jolis, grands et lumineux, l'odeur des cigarettes est partout tout d’un coup. Et maintenant un parfum et une brise froide qui soudainement me rappellent mon père.Â
On passait du temps dans sa voiture, on faisait le tour du quartier avec lui. Des souvenirs qui n’appartiennent pas à cette ville que je hume ici.


